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le terrain de sport
27 septembre 2015

the bar next door - Pirata - Shanghai

PIRATA1

Bonjour,

il y a la voisine de pallier. Le platane sur lequel la vue plonge depuis le salon. La veste confortable qu'on ne se décide pas à jeter. Et puis le troquet d'en bas. Celui qu'on n'échangerait pour rien au monde. Ni contre le plus prestigieux des gastros, ni pour le plus trendy des bistros. Celui où les boulettes de viande vont être les plus fondantes. Où les hanchois marinés auront trouvé leur équilibre entre l'amertume de l'huile d'olive et l'acidité du citron. Celui où la bière sera toujours fraîche et où le patron vous laissera siroter votre fino au comptoir sans se préoccuper de vous. Celui qui aura la reconnaissance de votre mémoire plus que celle de votre ventre ou celle de votre palais. Celui enfin où le cadre n'aura d'autre ambition que de s'absenter. Ni ostentation, ni faute de goût, ni, d'ailleurs, trop de bon goût.

 

pirata4

A Shanghai, en bas de chez moi, s'étalaient un boulevard à huit voies et le plus grand parc de la ville. 15 kilomètres de métro plus loin, il y avait Pirata. Le troquet d'en bas. 15 km que je n'hésitais pas à parcourir pour vider deux ou trois verres au bar. En regardant les cuisiniers s'activer, là, devant moi. Au sol, chez Pirata, ni bois recyclé, ni carreaux en ciment à motifs art nouveau pour cacher le trou béant dans l'imagination des propriétaires. Au plafond, pas de conduites de plomberie, ni de câbles électriques exhibés comme autant de marques de bonne conduite hype. Aux murs, pas de briques bouffées par les ans et badigeonnées à la chaux. La chef avait eu beau passer par les cuisines les plus prestigieuses de la ville, par les Seychelles et Singapour, elle ne songeait apparemment qu'à une chose : se faire oublier. Le service était silencieux et précis. Exactes aussi les cuissons. Sans prétention, les assiettes. La petite liste de vins rassemblait quelques valeurs sûres. Je n'en demandais pas plus. Nous aurions voulu y fêter notre départ, mais les circonstances en ont décidé autrement. En quittant Shanghai, j'ai laissé un peu de moi chez Pirata. A force de vivre ici et là, on n'en finit plus de s'éparpiller. Bientôt, on n'aura plus rien à laisser derrière nous. Ni pour les gens, ni pour les lieux. C'est alors qu'il faudra songer à s'installer. A côté de Pirata.

 

Pirata_2

Merci de votre attention

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