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le terrain de sport
9 octobre 2015

mais qui se soucie de nous ? - Stan Smith - histoire d'un faux bon coup - ici et ailleurs

STAN_SMITH_1

Récemment, Slate, le magazine en ligne, postait un article qui tentait d'émarger le billet de sortie définitive des tennis qui nous ont plu (enfin à vous peut-être, à moi beaucoup moins) oui mais là non quand même on n'en peut plus. Ces lignes m'ont inspiré ça, là-dessous.

 

LAISSONS LES STAN SMITH LA OU ELLES SE TROUVENT

C'est-à-dire au fond du trou noir de la fausse bonne idée. Et essayons de nous souvenir.

Premier flashback. C'était en 1977. Au bout des slim en velours millecôtes ou en denim pré-délavé, 14cm L à l'orée de ce tube très difficile à pratiquer pour des pointures supérieures au 41, s'étalaient des sortes de beignets blancs en forme de chaussures de sport. L'alibi d'un joueur de tennis tombé dans l'oubli servait d'unique apport décoratif, la marque ayant choisi de s'abstraire quasiment jusqu'au vide en se contentant de symboliser les trois bandes par des rangées d'orifices et de lancer un vague clin d'oeil en forme d'appel au secours depuis l'étiquette arrière. Faute de mieux, faute des premières creepers Robot ou des premières Doc Marten's qui viendraient deux années plus tard avec les premiers séjours à Londres, on se rattrapait à la branche basse Adidas. Ni plus ni moins.

Second flashback. 2011. Tout au mieux, ça faisait sourire de voir ce pâle succédané des chaussures dont on rêvait à la fin des années 70, ce générique pour ados sédentaires, réapparaître au pied des attachées de presse couture et donc des catwalks. Au pire, on s'avouait que la silhouette était impeccable et n'avait pas pris une ride. Et on venait à peine d'envisager d'en racheter une paire pour sortir les poubelles, aller au cinoche du coin ou filer en catastrophe à la boulangerie à 20h - un bel aéropage de mauvais prétextes, mais on allait quand même se laisser avoir - quand Adidas, coup de génie, enjeu cynique d'un plan marketing tordu ou bête raison commerciale ainsi qu'invoqué par le fabricant, jeta un pavé dans la mare en annonçant haut et fort que la Stan Smith allait être retirée des ventes. Alors en pleine ligne de crête de la vague la moins connue, spot pour initiés, la sneaker d'élection du preppy français upscale ou du graphiste pour label de vinyls, notre symbole ivy league à nous, ne vendait plus, justement, qu'en France. Quand, un an plus tard, la pompe de nos fantasme (enfin, de ceux des autres, on connaît la chanson, ne vous excusez pas) refait enfin surface après s'être bien monté le tube et avoir fait les frais d'un large plébiscite de la part des réseaux sociaux, elle décolle d'autant plus vite sur les diagrammes des ventes qu'elles se ramasse une gamelle aux pieds des avant-gardes. Comme c'est souvent le cas, elle apparaît sur les gondoles des hypermarchés six mois après s'être noyée dans la mer des sarcasmes des têtes pensantes de la mouvance.
Pour remplacer la Converse de la mère de famille quadra égarée en banlieue upper middle class ? Elle-même rescapée d'un revival early eighties surfant très haut et très loin de la foule, cette dernière n'a décollé commercialement - dans l'Hexagone s'entend - au début du siècle nouveau que pour se prendre, il y a 4 ou 5 ans, le plus beau râteau des gueules d'atmosphère tuées par la lassitude du regard. A l'égal de sa consoeur des 60's. Paix à votre âme icônique, mes soeurs. Et bienvenue dans la grande distribution.

Conclusion, s'il en fallait une : je ne me féliciterai jamais assez de n'avoir mis ni mes Spring Court, ni mes MoonStar au rancart. Même trouées, même honteusement sous-évaluées, elles ne me transmettent jamais le sentiment gênant d'avoir enfilé, par mégarde, les pompes du voisin.

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Merci de votre attention

 

 

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