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le terrain de sport
19 octobre 2015

la traversée des apparences - vers l'autre rive - kiyoshi kurosawa

Un film apaisé qui traite de la résolution d'une impossibilité

VERSL_AUTRERIVE1

Incapable de trouver le chemin vers le repos éternel, un époux revient quêter le droit à la mort auprès de son épouse.

Trois ans plus tôt, en proie aux affres d'une dépression mal contenue, partagé entre une épouse indécise et une maîtresse exigeante, incapable d'envisager un choix, Yusuke a mis fin à ses jours en se jetant à la mer. Errant, depuis, entre les morts et les vivants, s'installant pour quelques mois ici et là, au fil des hasards et des rencontres, sans parvenir à cerner une solution définitive, il vient, littéralement, prendre son épouse Mizuke par la main pour l'entraîner dans un voyage aussi bien mental que physique à travers un Japon des chemins de traverse, à la recherche de la réconciliation avec lui-même et avec ceux dont il a croisé la route.

Débarrassé du fatras horrifique ou horrifiant propre au genre, genre qu'il a lui-même pratiqué à travers plusieurs films, Kiyoshi Kurosawa nous livre une réflexion mélancolique sur le remords et le pardon. Parvenant à créer deux instants de grâce comme rarement il nous a été donné d'en voir ces dernières années, le film se donne le loisir de s'égarer au fil de la non-existence de ses ectoplasmes attachants et de leurs équivalents vivants, parfois guère plus habités qu'eux par la flamme de la vie. Autour d'une fresque murale naïve réalisée à partir de fleurs de papier ou en prenant le prétexte de l'évocation d'une relation entre deux soeurs suspendue par la mort, le couple qu'il met en scène brode un motif délicat qui détient le pouvoir de libérer vivants et trépassés des remords qui les tenaient emprisonnés dans un état intermédiaire. Les uns iront ensuite, apaisés, vers le sommeil éternel quand les autres pourront, enfin, vivre la somme de temps qui leur était impartie. S'égarant à volonté dans la résolution des problèmes des autres, Mizuke et Yusuke n'accepteront d'évaluer leur propre situation que lorsque les rencontres auront aidé à souder cette union dont on sent qu'elle ne s'était jamais tout à fait concrétisée. Alors, Yusuke pourra fermer la dernière porte et Mizuke entrer dans la vie.

Par-delà le prétexte du retour des morts habités par le regret, Kurosawa aura surtout inclus, dans son périple narratif, une des constantes de l'angoisse existentielle - et peut-être plus encore du Japon d'avant Fukushima - : l'incapacité, malgré les milliers d'alphabets et de langages inventés par l'homme depuis que la pensée lui a été donnée, de transmettre et de fondre l'intime dans une relation à deux. Il aura fallu que le metteur en scène tende un fil entre le concret et l'absence, comme s'il s'agissait de la plus évidente des démarches, pour éveiller ses personnages à cette conscience.

VLAR2

merci de votre attention

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