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le terrain de sport
3 novembre 2015

en seconde ligne - wichita lineman - USA

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Bonjour,

j'ai découvert l'existence de Jimmy Webb par hasard alors que je le fréquentais à l'aveugle depuis longtemps. Amoureux secret, mais transi d'une comptine diaphane pour couloirs de grand hôtel (Up, up and away, dans la version de Dionne Warwick), je flirtais avec ses compositions sans le savoir. C'est au détour d'un morceau de Glen Campbell, capturé sur le réseau après une longue traque, et en remontant un fil logique jusqu'à son créateur, que j'ai pu récupérer ce nom, enlisé au fond de la mémoire sans qu'elle puisse lui donner une fonction, un sens ou un visage. Malheureux en solitaire, nanti d'une voix sans grand relief, mais chéri par ses pairs et par la critique, le musicien aura surtout convaincu par ses qualités de compositeur. Il tracera ainsi une voie royale pour les autres, pavée de Highwayman, sorti tardivement de l'ombre par Johnny Cash, de Mac Arthur Park, seule incartade musicale de l'acteur Richard Harris, mais véritable monument aux humeurs changeantes comme un ciel londonien, de Up, up and Away donc, initialement écrit pour les 5th Dimension, mais sanctifié par la déesse Warwick, et surtout, et décourageant définitivement toutes ses autres tentatives, de Wichita Lineman qui fait l'objet de cette chronique.

Coincée dans une humeur qui lui est propre, fièrement dressée devant l'adversité - châtiment naturel frappant toute expérience musicale qui, de près ou de loin, flirte avec le mot "country" et ne sort pas des lèvres de Johnny Cash (pourtant, qui, aujourd'hui, est encore capable de faire trembler les lèvres, infléchir la voix, mouiller les yeux comme l'ont été, par exemple, la Carter Family ou Patsy Cline, dans des mondes et des périodes différentes ?) droite dans ses bottes de grande dame pécore, la chanson compte les déboires amoureux d'un poseur de lignes téléphoniques, incarnation de la solitude se lamentant du haut de ses poteaux électriques. L'emballage aurait de quoi faire sourire, si l'intensité musicale, teintée de mélancolie et de légèreté, atteinte ici par le compositeur et son interprète ne touchait au sacré. Portée par des cordes éthérées et une basse en lévitation, la voix de crooner juvénile du chanteur touche avec aisance le pompon de l'émotion. Le morceau avance ainsi, l'air de rien, l'air de ne pas y croire et finit par vous mettre à genoux. KO moral. Et il n'existe pas de rémission. Une fois que vous y avez goûté, la mélodie reste embusquée dans un coin de votre tête, prête à mordre à nouveau à la moindre baisse de régime. Wichita Lineman ferait entrer de force Everybody's talking dans la discothèque d'une midinette, troublerait, voire acculerait aux pleurs un présentateur du 20 heures. Si. Quoi qu'il en soit, tenez cette chanson à l'écart si vous vous sentez d'humeur maussade. Elle a la capacité de faire pleurer les pierres.

WITCHITA LINEMAN , GLEN CAMPBELL , 1968 VINYL LP

Merci de votre attention

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