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le terrain de sport
22 novembre 2015

pale fontaine - timber timbre - toronto

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Bonjour,

la presse spécialisée a tout cité, tout tenté. Les Tindersticks, en version d'après le déluge, chats efflanqués plus que matous matois britanniques. Léonard Cohen jeune (il fallait oser l'amalgame, basé sur un rapprochement arbitraire par nationalité interposée), Lambchop, bien sûr, pour cet art du retrait, de la pratique en coulisses, de la dissimulation des pépites. Ennio Moriconne pour les velléités opératiques - ici sérieusement diluées, restituées à l'état de soupirs. Enfin Lynch, influence que Kirk Taylor, le chef de bande malgré lui, revendique.

Mais quel serait le réel credo de Timber Timbre, groupe qui arpente des chemins personnels, des paysages non encore balisés ? Dire moins pour transmettre plus. Fermer sa grande bouche pour que les atmosphères sourdent lentement. Travailler au corps la mélancolie la plus exsangue, la plus démunie, afin qu'en sorte un chant dénué d'intentions, incarné en quelques notes et quelques mots

Piteux général en déroute, à la tête de ses Walker Brothers à genoux, incapables de se relever, marmonnant leurs torch songs les yeux baissés, le Canadien (anglophone, seul non-francophone de l'équipe, paradoxe représentatif d'une oeuvre construite seule mais entourée de tous) vise parfois le néant sans l'atteindre jamais. La forme que développe sa fine équipe sait se parer d'un treillis fin et mouvant qui trompe le silence. Carcasse bruissante occupée par les âmes d'instruments qui font les fiers à bras chez d'autres (cuivres, violons), mais s'emploient ici à habiller d'étoffes des états d'âme en sursis.

Si les compositions de Timber Timbre frôlent parfois l'absence, c'est pour mieux trouver accueil dans des limbes riches de sens cachés et de non-dits. Un pâle commando qui boit une eau trouble à la fontaine de l'Americana. Habitée par le fantôme de la soul qu'elle a dû fréquenter dans une autre vie, la troupe fatiguée n'oublie pas d'ouvrir les placards dans lesquels elle a entassé à la hâte les squelettes du doo wop, du swing ou du blues à l'os. Et les humeurs qui s'en échappent finissent, l'air de rien, par nous convier à un bal hanté par des tempos défunts.

J'entretiens l'image d'un Kirk Taylor, assis sur un tabouret, dans une cabane tapie au fond des bois. Une guitare entre les mains, il attend qu'une représentation du Mal essaie de le tirer de ses retranchements. Il chante pour la faire refluer, faire refluer les ombres, refluer les mauvaises pensées. Mais aucune créature ne se manifeste. Et Kirk Taylor ne cesse de chanter.

Démonstration en quelques morceaux dérobés au temps confiné et à l'espace élargi de Timber Timbre

Timber Timbre - Black Water

 

Timber Timbre - Trouble comes knocking

Timber Timbre - I Get Low

Timber Timbre - Creep On Creepin On

TIMBER TIMBER - OH MESSIAH

 

Merci de votre attention

 

 

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