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le terrain de sport
9 janvier 2016

Hotel Avenida Palace - au centre intime de la ville, le Tage en pressentiment - Lisbonne

HOTE_AVENIDA_PALACE_LISBONNE

Bonjour,

au début des années 90, il était d'usage, lorsqu'on passait un week-end à Lisbonne, d'occuper l'une des chambres de l'Auberge des Janelas Verdes. Surplombant les quais, l'hôtel offrait des vues sur le Tage et la ville, pour peu qu'on ait les moyens d'accéder aux étages supérieurs.

Une offre couvrant trois nuits nous avait fait privilégier l'Avenida Palace, idéalement situé près de la gare, en contrebas du Quartier Haut. Notre suite donnait sur le Rossio. Quand nous avions fait la grimace en découvrant la chambre sur cour, un peu oppressante, le concierge nous avait proposé de "voir ce qu'il pourrait faire". Avec un surcoût négligeable, nous avions pu accéder à ce petit appartement doté de son propre salon.

Il fallait prendre garde en posant des objets sur la plaque en verre qui protégeait le plateau canné de la table basse. Chaque fois, le verre rendait un son désagréable. J'essayais de ne pas déplacer le cendrier. Les fenêtre faisaient saillie sur l'extérieur et je fumais sur l'avancée, les carreaux ouverts. Un soir, ma cigarette avait touché le voilage du double rideau. J'avais dû arracher le voile pour éviter qu'il ne prenne feu. Il tenait dans mon sac à dos. Le personnel n'avait pas semblé remarquer son absence.

Les moquettes à ramages de l'Avenida Palace étouffaient les pas. Quand on traversait le hall, avant de retrouver la rue, les mouvements ne rencontraient aucun écho. La pénombre absorbait les reflets avant qu'ils parviennent aux miroirs. A gauche de l'entrée, un bar au comptoir en bois sombre, peut-être de l'acajou, lustré, précédait des étagères garnies de bouteilles. Les alcools multicolores jouaient contre le miroir au tain en partie effacé. Nous buvions un long drink avant de sortir le soir. Le regard s'envolait vers les plafonds que le faible éclairage dissimulait à la vue. Pendant ces minutes de répit, nous gardions le silence. Comme pour reprendre le souffle avant de laisser l'agitation de la ville nous avaler.

HOTEL_AVENIDA_PALACE2_LISBONNE

Il suffisait de traverser la Ville Basse, 5 minutes de marche en suivant les façades jaunes, les fenêtres à la verticale, élancées, comme pour contraster avec les bâtiments un peu trapus. Plus tard, quand je découvrirais Le havre, je repenserais à la Baixa lisboète. On rejoignait la Place du Commerce qui donnait sur le Tage. On pensait à une mer intérieure en découvrant le fleuve, indolent, placide, presque un lac. Son débit alenti par l'inquiétude de l'océan.

Nous avions mangé deux fois dans un restaurant avec des armoires à glace, en bois et ferronneries métalliques. A l'angle de deux rues, dont l'une venait couper le Chiado dans sa partie supérieure. Les armoires frigorifiques trônaient au fond de la pièce. Des soubassements en inox soulignaient les fenêtres. Peut-être par souci d'hygiène. A deux reprises, nous avions commandé du filet de porc aux palourdes, parfumé au cumin. En sortant de l'établissement, une fois la nuit tombée, le Tage nous appelait, depuis le bas de l'avenue, et nous le longions sur quelques centaines de mètres, comme si nous n'avions jamais fait que ça. Un midi, nous nous étions arrêtés devant un restaurant, parce que les rideaux à fleurs attachés par un ruban avaient retenu l'attention de mon amie. Il avait fallu descendre quelques marches. Le patron nous avait proposé une sole accompagnée d'un riz à l'ail et à la coriandre qu'il m'arrive encore de réaliser. Personne ne partageait la salle avec nous. Nous avions pris le café dans un bar minuscule qui ne servait qu'une marque de bière à la pression.

Nous avons visité le couvent des Jéronimites. Au pied de la Tour de Belem, le Tage s'étalait encore plus, se fondait dans les eaux de l'Atlantique. Nous n'avons pu finir les pasteis de nata de la pâtisserie Colombo. Trop de crème, sans doute. Le séjour touchait à sa fin. Le barman de l'hôtel nous a fait goûter un Porto Vintage. Avec l'âge, le vin s'éclaircissait, prenait des teintes cognac, révélait des transparences. Une boutique en vendait, à proximité de l'hôtel. Nous pourrions en ramener à la famille. Une dernière nuit dans la suite avec les fenêtres en demi-lune. L'insomnie. Le traffic diffus sur le Rossio. Des lumières de phares dans la nuit. Un taxi nous attendrait devant l'hôtel.

Qu'avons-nous fait d'autre que boire et manger, durant ce séjour ? Quand j'y repense, je ne conserve aucun souvenir des gens que nous avons croisés. A bien y réfléchir, avons-nous échangé quelques mots, en-dehors des brèves discussions avec le barman de l'Avenida palace ? Dans quelle langue l'aurions-nous fait ? J'avais appris à commander une bière. Ca représentait toute notre maîtrise du portugais.

ROSSIO

Merci de votre attention

 

 

 

 

 

 

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