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le terrain de sport
6 avril 2016

LE TOMBEAU DES LUCIOLES - OU COMMENT ET POURQUOI LES PLUS GRANDS FILMS NE PEUVENT FAIRE ECOLE - KOBE

 

Grave_of_the_Fireflies_Logo_fr

 

Bonjour,

évitons, d'abord, de dire que le film de Takahata surpassera toujours ceux de Miyazaki parce qu'il ose s'amarrer au réel, le prendre à bras-le-corps sans lui ôter sa cruauté, mais en y additionnant une dimension rêveuse, quand ceux de son alter ego des studios Ghibli tournent le dos au quotidien pour tenter de creuser du sens dans des prétextes parfois éthérés alors qu'il suffit souvent de se baisser pour ramasser la justesse et la beauté.

Evitons de le dire même si nous le pensons très fort.

Evitons de reconnaître que le dessin est précis sans verser dans l'hyperréalisme, que la perception que nous en avons se fait à deux niveaux, que la poésie ici se nourrit sans cesse, plutôt que d'incises taillées dans le récit, d'une superposition de motifs contradictoires en apparence (les halos orangés des bombes tombant au ralenti sur un paysage dépossédé de sa substance vitale ; les tâches de lumière laissées par les lucioles sur les strates de grisaille des abris dans lesquels se sont réfugiés le frère et la soeur ; les gestes typiquement enfantins de la petite Tetsuko qui s'inscrivent contre la ruguosité des situations) mais qui ne sont en fait que les deux profondeurs d'un même champ.

Evitons de le reconnaître même si l'exactitude de la narration vient sans cesse nous le rappeler.

 

Résultat de recherche d'images pour

 

Evitons de penser que ce film crée une mécanique parfaite, mais ne peut se poser en modèle parce qu'il a des règles qui lui sont propres et ne sauraient en être extraites pour être appliquées ailleurs.

Evitons de le penser même si nous savons que seuls les faiseurs, pour habiles qu'ils soient, sont capables d'ouvrir école.

Evitons de croire que ce film est l'un des plus achevés qu'il nous ait été donné de voir parce que cette confession est douloureuse en cela qu'elle sous-entend que la barre sera plus haute qu'il nous faudra franchir pour considérer le film suivant. Oublions de dire, enfin, que sans établir de leçon, Le Tombeau des lucioles nous rappelle que l'instinct - et l'instinct de survie notamment - n'existe plus à l'état originel chez l'homme, qu'il est la résultante d'un apprentissage, celui de la conscience d'exister, et que privée de cette conscience, Tetsuko ne sait pas lutter pour survivre. Et se laisse docilement mourir. Evitons et oublions, parce que ces processus nous maintiennent en vie.

Merci de votre attention

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