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le terrain de sport
16 décembre 2015

basement life au fond de l'impasse - cumulus inc. - melbourne

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Bonjour,

niché au creux d'une impasse, la tranquille Flinders Lane, Cumulus Inc. se dévoile un peu par hasard. C'est l'ambiance qui le veut : aucune rencontre ne semble forcée à Melbourne. Ni fortuite, selon un autre angle de considération. Aux quatre points cardinaux, le Central Business District s'affaire, à sa manière relative. L'automne austral dispense des trésors de douceur dont pas un Melburnian ne songerait à se passer. L'atmosphère du restaurant - ondes de désinvolture, d'efficacité et de gentillesse - les larges baies vitrées qui tirent la salle, installée un peu en contrebas, vers le haut et la lumière, semblent avoir été inventés pour accueillir les rescapés d'un été indien permanent. Arrière-saison, feuilles qui jaunissent, le soleil disparaît comme le vent se lève. Le temps de boutonner nos vestes, de relever nos cols, nous voilà engagés dans une queue diserte, sous les auspices du cumulus lumineux qui descend du plafond et donne son nom à l'endroit.

Le chef de rang nous fait patienter quelques minutes pendant que cartes et godets de vin de la vallée de la Yarra toute proche, là, aux portes de la ville, poussent entre nos mains. Une grande table blanche nous est bientôt dédiée, coincée entre le bar et un mur et dirigée vers l'entrée. Il est encore tôt, l'emplacement que nous occupons offre un point de vue sur la rue, quelques arbres que le vent caresse, et la queue qui s'étire au fur et à mesure que le jour baisse.

CUMULUS

La carte, sans histoire, qui se disperse un peu, nous est bientôt expliquée par la serveuse. Elle conseille et disparaît après que nous avons acquiescé et qu'elle a opiné. Présence bienveillante, elle se manifestera à de nombreuses reprises au long de la soirée, 5ème convive en pointillés, absente physiquement, mais présente dans l'esprit.

Comme toujours dans la partie à l'Est du monde, les mets arrivent dans le désordre. Des olives andalouses, encore amères et à peine concassées, épaulées par un iberico sombre, dégageant ce léger parfum rance et fruité qui fait le sel des jambons espagnols et mériterait une place de 6ème goût après l'umami, succèdent à de simples gressins, fleurs de courgettes en beignets et anchois de la maison Ortiz. Il s'avère que nous nous trouvons bien dans une auberge et que nous ne pouvons qu'approuver des choix qui flatteraient n'importe quel palais, n'importe où ailleurs. Un beau gigot d'agneau viendra ensuite, paré de sauge et d'oignons confits. Mais les vins de la Yarra auront déjà tracé un fleuve de plaisanteries et de confidences, les conversations auront monté d'un, puis de deux crans, la serveuse sera entretemps devenue notre amie pour la vie et c'est sans intention de la vexer que nous refuserons ses propositions sucrées. Un café fort et parfumé, de ceux que l'on sert toute la journée dans ce paradis pour amateurs du cru chaud et parfumé qu'est la capitale du Sud de l'Australie, viendra clôre le repas.

Nous sortirons dans la fraîcheur de la soirée, et quitterons nos amis, Australiens d'adoption, pour parcourir les quelques mètres qui nous séparent du Windsor. Le hall du plus vieil hôtel du continent, défraîchi avec modération, nous appellera. Et, conquis par Melbourne, nous regagnerons nos chambres plutôt étroites, d'un confort un peu oppressant, aux murs tendus de papier peint fleuri et aux fauteuils ramagés, convaincus, une fois encore, que les grands restaurants s'expriment plus par les parfums qu'ils pulvérisent dans le coeur et dans la tête que par ceux avec lesquels ils caressent le fond du palais.

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Merci de votre attention

PS : "on" vient de me glisser à l'oreille que Cumulus Inc. n'est pas en contrebas de Flinders Lane qui n'est pas non plus une impasse et que coriandre et ail venaient agrémenter le gigot en lieu et place de l'oignon et de la sauge. "On" n'avait pas dû boire les mêmes bouteilles que moi... Ou peut-être en quantité moindre.

 

 

 

 

 

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